dimanche 16 septembre 2007

La Suède solidaire du caricaturiste menacé de mort pour un dessin de Mahomet

Les menaces de mort, proférées à l'encontre d'un dessinateur et journaliste suédois pour avoir publié une caricature de Mahomet, ont suscité dimanche une levée de boucliers de la presse suédoise, soutenue par les organisations musulmanes qui les ont fermement condamnées. Le chef de "l'Etat islamique d'Irak", Abou Omar Al-Baghdadi, autoproclamé par la branche irakienne d'Al-Qaïda, a lancé sur internet un appel au meurtre de Lars Vilks et Ulf Johansson, moyennant une récompense de 100.000 et 50.000 dollars. Il exige des excuses des "croisés" en Suède sous peine de s'en prendre aux grandes entreprises, telles que Ericsson, Scania, Volvo, IKEA ou Electrolux.

Dimanche, la presse suédoise, solidaire du caricaturiste et du rédacteur en chef, a farouchement défendu le droit à la liberté d'expression. "Nous vivons dans un pays où la parole et la liberté d'expression ne sont dictées ni par les fondamentalistes, ni par les gouvernements", a commenté Thorbjörn Larsson, rédacteur en chef du grand quotidien suédois Dagens Nyheter (DN), qui republie dimanche, en format réduit, la caricature incriminée.

"Dagens Nyheter a déjà publié la caricature", a-t-il rappelé. "La publier était pour moi une évidence". "Les médias suédois doivent se lever pour (défendre) la liberté d'expression", estime de son côté le quotidien Svenska Dagbladet (SvD). "La liberté d'expression n'est pas un privilège pour les entreprises de presse et les journalistes mais une garantie pour les citoyens d'avoir des impressions différentes, de nombreuses sources d'information et d'inspiration ainsi que la possibilité de dessiner selon sa propre opinion", ajoute SvD. Le caricaturiste, actuellement en Allemagne où il dirige une association d'art, entend résister.

"Nous ne devons pas plier", a-t-il déclaré à DN. "Je commence à être vieux. Je peux mourir n'importe quand. Ce n'est pas une catastrophe". Le dessinateur devrait probablement rentrer lundi en Suède, selon l'agence suédoise TT. La presse accordait en outre une large place aux commentaires des représentants musulmans, qui unanimement condamnent ces menaces. Mahmoud Aldebe, président de l'association musulmane suédoise, rappelle dans DN que cette affaire est un problème interne et que cela ne doit pas devenir une affaire internationale. "C'est criminel d'appeler à tuer", avait déclaré samedi Helena Benouda, présidente du Conseil suédois des musulmans, estimant que les organisations musulmanes suédoises pouvaient régler seules le problème. "Et elles l'ont fait de différentes manières", avait-elle ajouté. L'islam, dans son interprétation stricte, interdit toute représentation de Mahomet. Aussi la publication le 18 août dans le Nerikes Allehanda, journal local d'Örebro (à l'ouest de Stockholm), d'un dessin, représentant le prophète avec un corps de chien, avait-elle déclenché une polémique.

En Suède, des manifestations avaient été organisées et un débat s'était engagé dans les médias suédois appelant au dialogue et au respect de la libe rté de la presse. L'Egypte, l'Iran, le Pakistan avaient en outre protesté par la voie diplomatique. Les autorités suédoises, qui prennent très au sérieux la nouvelle menace, s'étaient employées à apaiser les esprits par le dialogue. Le Premier ministre Fredrik Reinfeldt, qui redoutait une internationalisation de l'affaire, s'était entretenu avec les représentants musulmans et les ambassadeurs des pays arabes et musulmans. Cette affaire est la deuxième en Europe du nord. En septembre 2005, la publication par le journal danois Jyllands-Posten de dessins satiriques du prophète avait entraîné en janvier et février 2006 une flambée de violences dans le monde musulman et un boycottage des produits danois.

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